La Montagne – article paru le 11 avril 2020

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Astronomie

Du confinement aux étoiles : tous ces phénomènes observables dans le ciel en avril et mai

Qu’elle soit pleine, rose, décroissante ou croissante et même fantômatique en lumière cendrée, la Lune est toujours un spectacle en soi © Richard BRUNEL

Rendez-vous avec des alignements de planètes, des étoiles filantes et le spectacle de la lune cendrée… Du soir au matin, le Collectif astronomie de la région Auvergne propose des rendez-vous célestes. On n’est pas couchés !
 
Le confinement, c’est parfois bien la nuit. Photographiées par des milliers de spectateurs, la splendide «grosse lune » du 7 avril rappelle que le ciel est ouvert à tous les regards du monde sans avoir besoin de se déplacer. Avec la réduction du trafic aérien, les astronomes les mieux équipés apprécient un ciel débarrassé de la pollution et des lumières parasites entre les étoiles. « Le ciel semble plus limpide » confie Jean-Paul Michon, président de l’association Les Pleïades. N’importe qui peut en profiter.
 
Gérard Coute et François Brugière, avec l’Association des Astronomes amateurs d’Auvergne et le Collectif astronomie de la région Auvergne (CARA) livrent leurs dates et conseils pour décoller,  du soir au matin, même sans télescope ni jumelles. 
 

“Le ciel est ouvert à tout le monde, on peut aller s’y promener sans permission.”
François Brugière (Vice président des Astronomes amateurs d’Auvergne)

A l’œil nu, sachez que…

Toutes les constellations de printemps sont visibles à l’œil nu pour qui sait regarder dans la bonne direction.

Pour s’initier à leur découverte, ou faciliter le repérage même pour les néophytes, il existe plusieurs logiciels gratuits : à télécharger sur son téléphone mobile ou une tablette que l’on oriente vers le ciel pour savoir ce qui s’y trouve ; d’autres à installer sur ordinateur pour se rapprocher des objets célestes en 3D.

Pour les profanes, on peut se repérer dans le ciel, ou même seulement suivre la position de la lune avec une application pour smartphone.

Le Cara recommande notamment Stellarium et sa version réaliste pour appareil mobile.

Rendez-vous avec la Lune, Mars, Jupiter et Saturne

Au levant, à l’Est, à partir du 15 avril avant l’aurore, si le ciel est dégagé, il sera exceptionnellement possible d’observer quatre astre et planètes dans un bel alignement : la Lune, Mars, Jupiter et Saturne.

Saturne. Photo: Association des astronomes amateurs d’Auvergne.

Côté  Est  Sud-Est, les astronomes attendent un « alignement magnifique » à immortaliser dans leurs téléscopes. Pour les personnes moins équipées, il ne faudra toutefois s’attendre qu’à voir de gros point lumineux. Mais l’imagination et des applications comme Stellarium permettent de se laisser embarquer plus loin. 

Autour du 23 avril : des vœux avec les étoiles filantes

« Entre les 14 et 30 avril, notre planète va entrer dans le nuage de poussières laissé par la comète C/1861 G1 Thatcher (sa période orbitale est de 415 ans) », expliquent Gérard Coute et François Brugière, de l’Association des astronomes amateurs d’Auvergne.

Vu de la Terre, cela se traduira par une pluie d’étoiles filantes.

Cette « averse météoritique » dite des Lyrides n’est pas aussi spectaculaire que celle des Perséïdes (que l’on guette en fin d’été). Mais elle promet de quoi faire des vœux. Le pic d’activité est attendu le 23 avril.

Etoiles filantes, météores et météorites. « Lors de sa course autour du Soleil, sur son orbite, la Terre traverse chaque année et au même moment des nuages de poussières laissés derrière elles par des comètes. Lorsque ces poussières entrent dans notre atmosphère, elles se consument brutalement et émettent une lumière vive : ce sont les étoiles filantes.  Mais les scientifiques parlent plutôt de météores pour ce type de manifestation lumineuse. S’il ne s’agit pas d’une petite poussière, mais d’un fragment plus gros, après qu’une partie ait été consumée dans l’atmosphère – ce qui  se manifeste par une forte lumière – une partie du fragment arrive au sol. Dans ce cas, on parle de météoroïde pour l’objet qui rencontre notre atmosphère. Le météore est la manifestation lumineuse. On parle de météorite pour le fragment qu’on retrouve sur Terre », expliquent les Astronomes amateurs d’Auvergne.

Le 24 avril, recherchez le fin croissant de lune 

Après la nouvelle lune du 23 (période où le satellite de la Terre disparaît à nos yeux), la Lune réapparaît progressivement à l’Ouest, après le coucher du soleil.

Le grand jeu des passionnés consiste à la repérer le plus tôt possible. Avant de la distinguer sous la forme d’un magnifique croissant, on peut la rechercher aux jumelles, pendant quelques jours: un fin croissant de lumière. Il devrait être visible et repérable dès le 24 au soir.

A la recherche du plus fin croissant de Lune. Photo: Association des astronomes amateurs d’Auvergne.

Le 26 avril, observez la lumière cendrée de la Lune 

Le 26 avril, à peine perceptible sous le croissant, une lune presque fantomatique sera perceptible. Les astronomes parlent de « lumière cendrée de la lune ». 
Les astronomes raffolent de ce spectacle que l’on peut appréhender à l’œil nu. 
Pour en profiter, même pas besoin de s’affranchir de la lumière du fin croissant. Avec un peu de concentration, on dinstinguera alors, sur la gauche, une lune spectrale dans un gris ténu : c’est la lumière du soleil réfléchie par la Terre sur la Lune.

Si on était sur la Lune à ce moment là on verrait un “clair de Terre”… Une Terre énorme et brillante.

Admirez la brillante Vénus, étoile du berger 

En ce moment et depuis quelques temps, Vénus est très haute dans le ciel, bien visible au couchant du soleil. C’est notre « étoile du berger ».
Ce point, très lumineux, est repérable alors même que la nuit n’est pas encore tombée.

Avant la tombée de la nuit, très au-dessus de l’horizon, le premier point lumineux, c’est Vénus. On fera beaucoup de photos car la lune ne sera pas loin avec un joli croissant.

Avec de simples jumelles, on peu s’amuser à la chercher en regardant vers l’Ouest. Elle se voit même à l’œil nu. Cette « jumelle de la Terre par sa taille », a des «phases vénusiennes»: un cycle comparable aux phases de la Lune que l’on voit grandir et diminuer depuis la Terre.

Ciel lumineux sur le village de Montpeyroux. Photo Richard Brunel

Gérard Coute, propose aussi de repérer ce rendez-vous grace au portail du site Ciel et espace pour « observer le ciel à sa fenêtre ».

Suivez les passages réguliers de la station spatiale internationale

La station spatiale internationale (ISS) est tout  à fait repérable à l’œil nu. Elle passe régulièrement au dessus de nos têtes, à environ 400 km d’altitude, éclairée par le soleil dans le ciel  sombre. Elle traverse notre ciel en cinq à huit minutes!

Plusieurs outils numériques et portails internet permettent d’être au rendez-vous, à commencer par le portail de l’Agence spatiale européenne (ESA). Ou encore le site Heavens-Above, pour être alerté de son passage.

Orion dans un ciel de printemps

La période de confinement en France correspond à un ciel de printemps où l’on continue à pouvoir repérer Orion. Il ne faut pas s’attendre à distinguer les détails de la constellation sans équipement, mais on peut la repérer à l’œil nu : « sans problème tant que la lune n’est pas pleine, puis quand elle baisse en première partie de nuit » expliquent les astronomes.

Aux jumelles on distinguera, en plus, le nuage brillant de la nébuleuse d’Orion.

Vers Aldébaran et les Pleïades

Une fois Orion repérée, on peut essayer d’identifier les trois étoiles alignées, dites du baudrier d’Orion. Elles donnent une direction pour hisser le regard dans le ciel: juste un peu sur la droite, ceux qui sont équipés d’une bonne paire de jumelles pourront profiter du spectacle d’Aldébaran, la magnifique étoile de la constellation taureau.

Et puis, dans ce secteur, même à l’œil nu, on peut identifier l’amas des Pleïades: il ressemble à une petite «casserole».

Même en milieu urbain, le spectacle céleste peut être admirable à l’œil nu. Photo de Billom: Association des astronomes amateurs d’Auvergne.

Les conseils de la présidente du Cara

Depuis la Haute-Loire, Christine Théry, présidente du Collectif astronomie de la région Auvergne (Cara) explique qu’il faut profiter, « pas tant des nuits astronomiques qui seraient plus claires en ce moment, mais de la moindre pollution lumineuse qui offre de meilleures conditions d’observation ».

Il ne faut surtout pas hésiter à contacter les astronomes du Cara pour se faire préciser des choses ou obtenir des conseils pour initier les enfants. On répondra toujours. C’est ça aussi l’astronomie : c’est échanger et partager des moyens.

Ceux qui découvrent le ciel sans équipement adapté seront déçus s’ils s’attendent à voir les cratères de la Lune ou les anneaux de Saturne. « Mais on peut quand même voir à l’œil nu les gros objets ». Et les étoiles filantes
« En ville il faut vraiment attendre que la nuit soit installée, vers 22 heures. Mais en campagne, on peut se mettre à l’observation dès le crépuscule. »
Les grosses planètes du systèmes solaire ne sont pas encore très visibles pour les profanes sans équipement avant mai. « Mais les premières apparitions alimentent le suspense. »

Anne Bourges
anne.bourges@centrefrance.com